Philoctetes
Philoctetes s’appuie sur Icarus de CREW à plusieurs égards : l’idée du « multimédia en tant que prothèse » est développée dans ce spectacle. L’acteur paralysé Paul Antipoff se fond naturellement dans son environnement hautement technologique. Les spectateurs sont assis ou debout dans une sorte de cage d’où ils regardent le corps d’Antipoff. Lorsque des mini-robots attaquent le corps paralysé, la performance rappelle une dissection publique dans un théâtre anatomique.
Philoctète est le guerrier grec abandonné par Ulysse sur l’île stérile de Lemnos parce qu’il a une blessure à la jambe nauséabonde qui ne guérit pas.Grâce à son arc magique, Philoctète parvient à survivre pendant neuf ans. Mais Ulysse revient pour le priver de son arc…
Dans cette version radicalement adaptée par CREW et l’écrivain Peter Verhelst, l’arc et les flèches prennent la forme d’instruments de haute technologie qui permettent à l’exilé de survivre. L’intervention d’Ulysse peut être comprise comme une tentative de supprimer cette symbiose entre l’homme et la machine. Le texte de Verhelst décrit cette attaque et déplace l’attention vers l’intérieur du corps de Philoctète, où le virus menace le système.
Dans Philoctetes, les possibilités d’un nouveau type d’homme sont explorées. La peau n’étant plus considérée comme une barrière, le corps d’Antipoff peut s’étendre dans l’espace virtuel. Non seulement il y dépasse ses limites physiques, mais il prend même le contrôle total de l’environnement. La question se pose de savoir où s’arrête le corps et où commence la technologie.
La technologie est-elle la prothèse du corps ? Ou est-ce l’inverse ?
Une partie du projet est un site web où vous pouvez faire dégénérer vos propres textes par le logiciel Philoctetes qui a été développé par le département de linguistique informatique de l’Université d’Anvers. Le dégénérateur de texte agit comme un virus qui se niche dans les cellules de son hôte et les déforme.













































